A quoi je dis oui quand je dis non ?

Thèmes : renoncer, prioriser piloter en fonctions des objectifs
Je n’arrive pas à dire non, quand un projet est engagé, je ne sais pas le réduire ou même l’arrêter, j’ai de la difficulté à prioriser et à bien estimer les conséquences de choix tranchés.
Cet atelier ouvre à la possibilité de renoncer et accompagner ce renoncement (auprès de ses équipes, des partenaires, des élus). Décider et piloter en tenant compte des priorités et des incidences.
Intervenant externe : Serge Mang-Joubert

Pourquoi renoncer ?
En effet, cette question est centrale et les motivations peuvent être diverses, amenant l’éthique à s’inviter dans ces réflexions. Est-ce pour se recentrer car un éparpillement est ressenti par certain·es? Est-ce parce qu’il y a moins de moyens pour tout autant de missions de service public ? Est-ce parce que certaines manières de faire ne sont plus alignées avec la situation écologique planétaire (ex: renoncer aux piscines publiques en été, aux patinoires, aux souffleuses à feuille, etc.) Est-ce que c’est parce que ne pas renoncer représenterait un risque pour l’institution ? Pour les cadres ? Pour les élu·es ? Pour les agent·es ? Pour le territoire ? Pour ses habitant·es humain·es ? Quelles motivations profondes, et souvent inconscientes, sont à l'œuvre ? (par exemple : “sois parfait·e” va me conduire à avoir du mal à renoncer à une attitude de perfectionniste.)

Comment renoncer de manière juste, efficace et durable dans le temps ?
Le point clé est de décaler la question pour remettre du sens, de la joie et de la motivation dans le fait de renoncer. Cela commence par le choix des mots, et c’est pourquoi nous proposons de nommer cet atelier, non pas “Renoncement.s ?” mais “A quoi je dis oui quand je dis non à quelque chose ?”
En psychologie, il a été identifié que les objectifs dits d’ “évitement”, c’est à dire formulés en “négatif” (ex : arrêter de prendre la voiture, ne plus manger de viande, ne plus tondre les bords de route) contenaient bien moins d’énergie que les objectifs formulés en positifs (ex, respectivement : prendre soin de la qualité de vie, prendre soin de sa santé et de celle des animaux et du climat, prendre soin de la biodiversité).

Souvent, lorsque je dois renoncer, j’ai du mal à le faire car ce renoncement vient mettre à mal mes valeurs ou mes besoins. Il s’agit là des Besoins au sens de la Communication Non Violente (Besoins CNV) qui sont universels pour tous·tes les humain·es. Il y en a une centaine, et on peut simplifier le modèle en en sélectionnant les principaux dans une liste de 30 à 40. Cette liste constituera un support pour l’atelier et sera distribuée à chacun·e.
Identifier les Besoins nourris par ce à quoi je renonce permet de mettre en place une autre stratégie qui va me permettre, par ailleurs, de prendre soin de ces Besoins tout en renonçant à la stratégie qui les nourrissait jusque-là. C’est aussi l’occasion de regarder quels autres Besoins je vais commencer à nourrir EN RENONÇANT, justement.
S’il s’agit des valeurs, c’est le même principe, je vais regarder quelles valeurs se jouent pour moi dans ce renoncement, et réévaluer ma motivation à renoncer à l’aune des valeurs qui ne seront plus nourries (nouvelle stratégie à mettre en place par ailleurs) et de celles qui vont commencer à être plus nourries du fait même de renoncer.

Des pistes de solutions ou d’éclairage
• Prioriser, redéfinir (ou définir) ce qui est vraiment important pour moi, pour mon équipe, pour l’institution, pour les habitant·es, pour tout le territoire, pour la géobiosphère.
• Révéler les deuils et ouvrir des espaces pour faciliter ces deuils (changements forts, subis, avec perte irréversible).
• Identifier les peurs et les croyances limitantes qui empêchent d’avancer et faciliter leur reprogrammation dans une intention d’“empowerment” des personnes concernées. Exemple de croyances et programmations profondes : “sois parfait·e”, “le service public est sacré”, “les gens vont nous détester si on arrête de désherber”, “on a toujours fait comme ça donc c’est bien”...
• Identifier les capacités à dire non (ou les incapacités ?)
• Baisser le niveau d’exigence là où il a été identifié que le maintenir haut était basé sur des motivations douteuses (ex: justement une peur ou une croyance limitante)
• Clarifier vraiment ses priorités (carte mentale pour ensuite discuter les arbitrages avec son N+1)
• Ensuite donner la priorité aux priorités - transformer analyser son agenda en allouant du temps aux sujets prioritaires, passer de l’agenda “subi” à la planification de son travail ; reprendre la maîtrise de son agenda
• Identifier des gisements de temps (mails, réunions, délégation, automatisation, structuration…)